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Dix Paroles Pour une Vie paisible

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DEUXIEME PARTIE :

Les Dix Commandements à travers la Bible

5. De générations à générations : plus qu'une attitude !

Honore ton père et ta mère comme te l'a ordonné YHWH, ton Dieu, afin que se prolongent tes jours et afin que tu te portes bien sur le sol que te donne YHWH, ton Dieu.

(Deutéronome 5.16)

But de l'éducation

Comment le respect des parents peut-il procurer longue vie et bien-être ? Nombres de proverbes nous éclairent sur le sens de ces paroles dont le but est bien plus qu'une incitation au respect de la Loi. Ces exhortations sont en effet le fruit de l'expérience cumulée des générations antérieures. Comme nous allons le voir, elles sont présentées comme de sages recettes pour une vie stable et sereine.

Mais tout d'abord, il nous faut également savoir que dans la société patriarcale et nomade qui est à l'origine de la culture hébraïque, la famille était beaucoup plus large que la cellule familiale actuelle. Elle était constituée par l'ensemble du clan qui lui-même représentait l'entièreté de la société. De la naissance à la mort, tout était lié au clan. La famille donnait tout à l'enfant : la nourriture et l'amour, bien sûr, mais aussi la totalité de l'éducation et de la formation professionnelle, puis le travail et un foyer. Il n'y avait pas d'école, pas d'usine : L'homme devait tout à son clan, même la sécurité physique. Hors de celui-ci, ce n'était que dangers, menaces, insécurité. Les conséquences douloureuses du bannissement sont d'ailleurs très bien décrites dans la Genèse quand Ismaël et sa mère sont renvoyés par Abraham (21.8-21)

Plus tard, les familles se sont regroupées en tribus et sédentarisées. Une société plus large s'est formée par le rassemblement des clans jusqu'à constituer un royaume réunissant les tribus, avec pour corollaire la centralisation du pouvoir au niveau de la cour royale. L'organisation étatique a également pris en charge l'administration de la justice et le clergé s'est occupé de la religion. Par contre, l'éducation est restée l'attribut de la famille.

A ces époques lointaines dépourvues d'écoles, d'universités et même de livres, tout le savoir passait donc de bouche à oreille à travers les générations. Pour l'enfant, les parents (le père et la mère) étaient le premier maillon de la chaîne solide à laquelle il était par eux accroché. Plusieurs générations lui offraient en se côtoyant la démonstration quotidienne des valeurs ancestrales. Du tout jeune enfant jusqu'à l'aïeul, les relations basées sur le respect de l'aîné étaient le gage de l'harmonie, de l'équilibre et surtout de la pérennité.

Au su de cela, on comprend mieux l'importance des sentences et de leur rôle dans un système éducatif qui n'avait que la famille pour vecteur.

Ecoute, mon fils la leçon de ton père et n'abandonne pas l'enseignement de ta mère, car ils sont escorte de grâce pour ta tête et colliers pour ton cou.

(Proverbes 1.8-9)

Le sot dédaignera la morale de son père et le gardien de la réprimande deviendra sagace.

(Proverbes 15.5)

L'éducation se voulait en effet valorisante, tout autant pour l'individu que pour la société :

L'amoureux de l'éthique est amoureux du savoir et l'ennemi de la remontrance est stupide

(Proverbes 12.1)

Misère et déshonneur, émeutier de l'éthique ! Et le gardien du reproche sera honoré.

(Proverbes 13.18)

L'émeutier de l'éthique abhorre son être et le gardien de l'exhortation acquiert du cœur.

(Proverbes 15.32)

Tout d'abord quelques mots sur la traduction : Leçon, morale et éthique proviennent du même mot hébreu (moussar) qui signifie à la fois tous ces termes, mais aussi punition, châtiment, moralité et encore lien, entrave. Dans les ouvrages consultés, le terme est traduit le plus souvent par discipline ou parfois par éducation ou instruction. Quant à remontrance, reproche, réprimande et exhortation, ils représentent les différentes nuances du même mot (tokahat) que la TOB traduit par avertissement et avis.

Ceci dit, ne perdons pas de vue le sujet : Oui, l'éducation valorise ! Son but vise et a toujours visé à prodiguer, non seulement les connaissances nécessaires au développement de l'homme et de la société, mais aussi et surtout le bon-sens indispensable pour mener une vie heureuse et sereine :

Mon fils, tu n'oublieras pas mon enseignement et mes commandements seront protégés par ton cœur. Ainsi, longueur de jours et années de vie et paix te seront ajoutées.

(Proverbes 3.1-2)

Quel est le contenu de l'enseignement du père ? Les proverbes en font longuement l'étalage. Les valeurs qu'ils prônent sont l'éthique, le savoir et l'amélioration de soi par l'observance des remontrances, c'est à dire des exhortations ou avertissements.

L'enseignement est bon parce qu'il procure le savoir qui conduit à l'éthique et que cette dernière est indispensable, non seulement au bonheur, mais aussi à certains droits :

Alors, tu comprendras la justice et le droit et l'équité, tout le circuit du bien ; car la sagesse viendra dans ton cœur et la connaissance délectera ton être ; l'intention te gardera, le discernement, te protégera pour te secourir sur la route du mal, de l'homme qui parle de subversions, de ceux qui abandonnent les voies de la droiture pour marcher sur les routes des ténèbres... Ainsi, tu iras par la route des bons et tu garderas les voies des justes, car les équitables habiteront le pays et les intègres y subsisteront et les méchants seront retranchés du pays et les traîtres en seront extirpés.

(Proverbes 2.9-22)

Le droit de vivre sur la "terre" est donc lié à la bonne conduite. Mais, petite parenthèse, ici encore nous nous trouvons en face d'une interprétation délicate d'un mot hébreu. "Eretz" signifie, en effet, à la fois pays et terre. Alors, s'agit-il de la terre des ancêtres, de la terre promise, le "pays" ou de la terre entière ? Que chacun se fasse son propre jugement. Mais on peut quand même en déduire que le droit à une terre passe par le respect de l'éthique. Celui qui la bafoue est condamné à "errer" comme Caïn après avoir tué son frère.

Le but de l'éducation est donc aussi de former des hommes respectueux de la Loi et dignes de vivre en paix sur leur terre ou sur la terre. Ce n'est donc pas une mince affaire et la responsabilité des parents est grande. Mais revenons à notre commandement.

Comment honorer ses parents ?

Voyons d'abord ce qu'il ne faut pas faire :

Qui maudit son père et sa mère, sa lampe s'éteindra au plus profond des ténèbres.

(Proverbes 20.20)

Chacun qui maudira son père et sa mère, qu'il meure ! Il mourra.

(Lévitique 20.9)

Qui frappe son père et sa mère, qu'il meure ! Il mourra.

(Exode 21.15)

La lampe est un symbole de vie et de joie. Les ténèbres évoquent les pires tourments dont l'homme peut être l'objet et qui, à coup sûr le hanteront s'il porte atteinte à ses parents. Par contre, pour la même faute, le Lévitique prévoit des conséquences pires encore : la mort ! Le changement de ton entre les Proverbes et la Torah est révélateur des différences au niveau des conditions de rédaction et des buts des écrits. Les proverbes expriment l'expérience d'une nation en pleine maturité. En effet, même s'ils ont été repris par la suite, ils sont surtout l'œuvre des scribes royaux et on ne les nomme pas pour rien "Proverbes de Salomon". Par contre, la Torah, telle qu'elle nous est parvenue, a subi la marque de la destruction de Jérusalem et des déportations. Déjà sous le roi Josias, la réforme religieuse s'était faite dans la ligne du Deutéronome. En restaurant la Loi oubliée, le royaume de Juda espérait ne pas subir le même sort que le royaume du Nord qui venait d'être dispersé. Mais cette réforme n'a pas résisté à la mort du roi. Plus tard, après la chute de Jérusalem, des religieux, des scribes ont entrepris un énorme travail de conservation de la mémoire et de la Loi, mais les textes subirent l'empreinte des événements et des impératifs de l'époque. Le peuple, la culture, la religion, tout était en effet menacé de disparition, d'absorption par les nations étrangères. Et cette situation désastreuse était la conséquence des comportements stupides du peuple et de ses dirigeants ! Pour redresser la barre, il fallait désormais que tous aient une conduite irréprochable face à Dieu et à son éthique.

Alors que les proverbes promettent une récompense telle que le bonheur et la paix ou agitent la menace du mal-être ou d'une sanction divine, la Torah précise un tarif de châtiments exemplaires. Devons-nous encore les appliquer de nos jours ? Il nous suffit de bien lire les textes et de regarder l'évolution qu'ils subissent à travers la Bible elle-même, ne fut ce qu'entre l'Exode ou le Lévitique et les Proverbes, pour savoir que non : la main de l'homme y est vite remplacée par celle de Dieu. De plus, la Loi nous enseigne aussi que Dieu est amour et pardon. Alors, comment un exécuté pourrait-il se repentir ? A travers la Bible, on sent l'évolution de la société hébraïque et, à travers elle, du monde. Les Ecritures nous laissent distinguer assez facilement ce qui change avec le temps et les mutations de la société de ce qui résiste imperturbablement. Ce "reste" représente les valeurs fondamentales. Elles ne sauraient être que bonnes puisqu'elles ne cessent de s'imposer à travers les siècles.

Fondamentalement, la Torah ne change pas. Mais n'oublions pas que ses origines datent de Moïse, aux environs de -1250. A cette époque, les voisins du peuple hébreu immolaient des enfants à leurs dieux ! La Torah interdit formellement ce genre de pratique par rapport aux quelles les mœurs qu'imposait la Loi étaient nettement plus évoluées, plus respectueuses de la vie en général et de l'homme en particulier. De plus, la tradition orale, fixée par écrit au début du quatrième siècle avant notre ère, avait d'abord eu à traverser les dures conséquences de l'invasion babylonienne. La situation au pays était précaire. Le petit peuple resté sur place, livré à lui-même s'était mis à faire des bêtises. Le but des écrits était donc double : conserver la mémoire et remettre de l'ordre. Par conséquent, il fallait qu'ils soient édifiants. Ils devaient susciter une crainte de Dieu capable de ramener le peuple vers le respect de la Loi initiale, celle du désert, celle que les événements tragiques de l'histoire venaient de confirmer, une fois de plus, comme la charte constituante de la nation. Le peuple l'avait abandonnée et la nation en fut anéantie. Il fallait donc revenir à elle afin que le peuple dispersé puisse à nouveau mériter sa terre. Quand cela fut possible grâce à l'édit de Cyrus, le "messie" il a fallu veiller à ce que le retour et la réinstallation soient conformes aux principes du Sinaï.

Mais si l'esprit de la Loi a été scrupuleusement respecté, il est par contre fort probable que les scribes forcèrent sur la forme en fonction des circonstances du moment et des écarts du passé. Il fallait ramener ce peuple "à la nuque raide" vers Dieu et ses commandements !

Le châtiment évolue à travers les livres, comme il a évolué et continuera d'évoluer à travers le temps. Par contre son degré d'importance en fonction de la faute reste pour nous de grande valeur, car il nous renseigne sur la gravité de la faute. La Bible enseigne et raconte. Il incombe à chacun de nous de dissocier ce qu'elle raconte, c'est à dire l'histoire en tant qu'aventure humaine à travers une société privilégiée par une prise de conscience précoce - ou par la volonté de Dieu - de ce qu'elle enseigne, c'est à dire la recette efficace pour un accomplissement heureux de l'humanité. Nous ne devons donc pas en déduire l'obligation de lapider les pêcheurs, au contraire ! Nous devons d'abord essayer de comprendre les commandements en les cherchant au fond des écritures et ensuite, nous efforcer de les respecter. C'est ce que les "Docteurs de la Loi" ont fait pendant des siècles. Mais eux aussi, l'ont fait en fonction de leurs époques. Il s'agit donc d'un travail toujours a recommencer.

Pour bien lire les cinq premiers livres de la Bible, n'oublions pas qu'ils ont d'abord été une tradition orale avant d'être fixés par l'écriture. Leur contenu a été porté de bouche à oreilles à travers des générations pendant des siècles. Ainsi véhiculé, il a peut-être acquis un caractère quelque peu légendaire, mais il s'est aussi enrichi de la mémoire des époques traversées.

Revenons au texte du Lévitique : "Qu'il meure ! Il mourra" La plupart des traductions disent : "sera mis à mort" ou même : "doit être mis à mort". Par contre, Chouraqui traduit dans un cas par "mourra, il mourra", dans l'autre par "sera mis à mort, à mort". Pourtant le texte hébreu contient chaque fois les mes mots qui signifient à la fois mourir, mettre à mort et tuer, le verbe étant répété deux fois dans des conjugaisons différentes. Par contre, pour les deux dernières acceptions du verbe (mettre à mort et tuer), il existe des termes spécifiques qui auraient pu être utilisés si les auteurs l'avaient souhaité. L'expression pourrait également, tout simplement, être traduite par "il mourra" (réf. Genèse 3.4, la même expression dans sa forme négative est traduite par tous de la manière suivante : "vous ne mourrez pas" ou encore : "assurément, vous ne mourrez pas") Encore une fois, à chacun...

En tout cas, la peine capitale est un tarif élevé quelle que soit la main qui l'applique. Il s'agit donc d'une faute très grave. Quelle est cette faute ? Frapper et insulter : un geste d'une part, des paroles, une attitude d'autre part. Nous savons par conséquent ce qu'il ne faut pas faire : ne porter atteinte ni au physique, ni au moral des parents.

Mais le commandement est positif : "Honore ton père et ta mère..." Il y a donc quelque chose à faire. Quoi ? Comment peut-on rendre honneur à ses parents ? Voilà bien la question : Penchons-nous d'abord sur la signification du terme "honorer" auquel certains traducteurs ont préféré "glorifier" ou encore "respecter". Le mot hébreu (kabed) signifie tout cela mais aussi "lourd, appesantir...". On pourrait donc, comme Abécassis, traduire le commandement de la manière suivante : "Donne du poids à ton père et à ta mère..." Voilà qui paraît plus clair et plus précis.

Un fils sage réjouira le père et le fils insensé est le chagrin de sa mère.

(Proverbes 10.1)

Un fils fou est colère pour son père et amertume pour celle qui l'a enfanté.

(Proverbes 17.25)

Qui garde la Loi est un fils intelligent, mais qui hante les débauchés fait honte à son père.

(Proverbes 28.7)

Les textes sont clairs : la sagesse, la bonne conduite, c'est à dire le respect de l'éthique rendent les parents heureux. La sagesse et la connaissance conduiront à cet objectif. Avoir un fils qui possède ces qualités, qui se comporte suivant l'enseignement de son père comble les parents parce que l'enfant est le fruit, le contentement de leur vie.

Mon fils, si ton cœur est sage, il réjouira mon cœur à moi aussi. Mes organes exulteront par tes lèvres véridiques.

(Proverbes 23.15-16)

Qu'il s'égaye, il s'égayera le père du juste. L'enfanteur du sage s'en est réjoui. Il se réjouira ton père, et ta mère, elle jubilera, celle qui t'a enfanté ! Donne-moi ton cœur, mon fils et tes yeux désireront ma conduite.

(Proverbes 23.24-26)

Les obligations des parents

Ce dernier verset nous amène au comportement des parents et au rôle que ce dernier occupe dans l'éducation des enfants. Mais tout d'abord, examinons le processus éducatif au sein de la famille hébraïque : Le savoir qui vient de loin est le fruit d'une longue accumulation au fil des générations et il est dispensé à chacune de celles-ci par le père qui le tient de son propre père. Chaque génération reçoit donc la connaissance, lui "donne du poids" par un comportement approprié et la dispense a son tour :

Car j'ai été un fils pour mon père, tendre et unique en face de ma mère. Il m'enseigna. Il me dit : Ton cœur appuiera mes paroles, garde mes commandements et vis ! Acquiers la sagesse. Acquiers le discernement...

(Proverbes 4.3-5)

L'enseignement du père est bon parce qu'il est continuité. Lui-même a été bien éduqué, avec amour. Il va transmettre à son fils les valeurs qu'il a reçues et dont il est le dépositaire, à savoir, la sagesse et la connaissance de l'éthique. Il les tient, non seulement de son propre père, mais à travers lui, des générations précédentes, du peuple tout entier, car le savoir est le fruit de l'histoire, de l'expérience humaine filtrée, affinée par la pensée hébraïque.

Le rôle du père est donc très important : vis-à -vis de l'enfant, il est le dépositaire de la Loi et il doit en témoigner par sa conduite... En pratique, il doit lui-même respecter les commandements dont celui qui précise ses devoirs envers sa progéniture :

Seulement, garde-toi et garde ton être très bien pour que tu n'oublies pas les paroles que tes yeux ont vues et qu'elles ne sortent pas de ton cœur tous les jours de ta vie. Tu les feras connaître à tes fils et aux fils de tes fils.

(Deutéronome 4.9)

Cette obligation de transmettre aux générations suivantes l'enseignement reçu persistera malgré le temps et les infidélités du peuple :

Il a élevé un témoignage en Jacob et établi en Israël un enseignement qu'il ordonna à nos pères de faire connaître à leurs fils... Qu'ils ne soient pas comme leurs pères, une génération indocile et rebelle, une génération qui n'a pas ajusté son cœur et pas fidèlement son esprit à Dieu.

(Psaumes 78.5-8)

Ici, les fils ne doivent pas suivre l'exemple de leurs pères, car ces derniers n'ont pas "ajusté leur cœur et pas fidèlement leur esprit". Qu'est-ce à dire ? Le cœur d'une personne signifie le plus profond d'elle-même. Le terme traduit par esprit a un sens qui dépasse le concept de "pensée". Il désigne le vent, le souffle, la vie, l'âme, le tempérament et même l'air. Ce même mot a été utilisé pour nommer le "souffle" de Dieu qui planait sur la terre au commencement et c'est par ce "souffle" que le créateur insuffla la vie. L'esprit est donc la "respiration" de l'homme créé. Celle-ci doit "s'ajuster" fidèlement à l'éthique du créateur et s'ajuster au plus profond de l'être. Justice, équité, droiture doivent être l'apanage sincère des parents, afin que leur progéniture puisse se nourrir de leur exemple et leur "donner du poids" par une conduite fidèle à ces concepts.

Le rôle des parents est de former des hommes et des femmes capables d'assumer à leur tour leur rôle de parents. Mais avant d'être parent, il faut être époux et à cela aussi faut préparer les enfants de sorte qu'ils puissent reconnaître en leur partenaire "l'os de leur os et la chair de leur chair", c'est à dire vivre dans une relation d'amour total de laquelle sortiront des enfants heureux. Avec l'amour et l'éthique inscrits au fond d'eux-mêmes, les parents ne sauraient que bien remplir leur rôle. Alors, pourquoi y a-t-il tant de fils malheureux, insatisfaits d'eux-mêmes et délinquants ? Serions-nous, une fois de plus cette génération indocile et rebelle ? Les pères d'aujourd'hui savent-ils encore ce qui est bon pour leur fils ? Mais peut-être cela n'est-il pas propre à notre époque ? Peut-être y a-t-il toujours eu des manquements au système ? L'homme n'est pas parfait. C'est bien "tout lui" de ne pas bien comprendre ce que la Loi attend de lui.

En ce siècle de grande connaissance scientifique, l'être humain ne tourbillonne-t-il pas plus que jamais dans les tourments de l'incertitude ? Tout change tellement vite que c'est parfois bien difficile de suivre et d'adapter les valeurs fondamentales de l'espoir aux réalités du présent, d'enseigner le respect de la Loi tout en restant ouvert au progrès. Mais un père hésitant peut-il éduquer, c'est à dire conduire son fils ? Et un homme sans morale peut-il inculquer le respect à quelqu'un ? Le psaume nous montre que la situation n'est pas nouvelle. A contraire, l'inconstance est prévue par la Loi. Il s'agit d'une attitude fréquente, humaine en quelque sorte ; répétée et à chaque fois réprimée.

La Loi est amour et bonté voilà pourquoi elle triomphera des "cœurs durs". Comme à chaque fois, des fils vont naître et reviendront à elle. Les pères sauront à nouveau qu'il suffit d'aimer son fils pour en faire un homme et ils connaîtront ce qui est bon pour lui parce que la Loi est aussi EQUILIBRE en ce sens qu'elle corrige les lacunes de l'imperfection humaine.

Comment éduquer les enfants ?

Qui épargne le bâton est l'ennemi de son fils, mais qui aime dispense la punition.

(Proverbes 13.24)

Le bâton était une méthode d'éducation que la psychologie moderne classe dans la catégorie des renforcements négatifs. Nous ne sommes plus à l'époque des châtiments corporels. Cela ne signifie pas qu'il ne faut pas sévir quand cela s'impose et même faire preuve de fermeté. De nos jours, les parents démissionnent trop souvent. Bien sûr, les punitions ne sont plus les seuls moyens de motivation, mais si les méthodes changent, la sagesse demeure :

Le destin de la colère est porteur de punition. Si tu préserves, cela encouragera ; tu ajouteras.

(Proverbes 19.19)

Les parents doivent donc se faire violence et réprimander l'enfant le plus vite possible, sans jamais laisser libre cours à la colère. A l'adolescence, il est bien tard pour vouloir éduquer. A cet âge, on ne peut qu'instruire et guider aussi, mais il est trop tard pour former.

Alors ? Faut-il inculquer la maîtrise de soi à un tout petit homme à peine trottant ? Après, il risque d'être trop tard. Il est pourtant si beau, si mignon : Pourquoi ne pas le laisser faire ? Parce qu'il a des limites à apprendre!

Oui, il faut éduquer l'enfant dès son plus jeune âge. Mais le brimer, non, ça jamais ! L'éducation doit en effet faire prendre conscience des limites, mais elle ne doit pas pour autant détruire le moi propre de l'enfant. Encore une fois, ici, des religieux ont souvent fait du tort à l'homme en enseignant le mépris du corps : "C'est sale", ont traduit les mères. Pourtant, les fonctions naturelles ne sont pas condamnées par la Bible. Au contraire !

Alors, pourquoi tant de mamans ont-elles fait tant de tort à leurs fils ? Pourquoi tant de pères ont-ils étouffé tant de personnalités ? Peut-être est-ce là encore une fois "tout l'homme" ? Mais que ces gens-là ne salissent pas le Livre en s'en servant pour justifier leur incapacité ! Si au nom de Dieu, un père ou une mère introvertit son fils (ou sa fille) au point d'en faire un incapable, non seulement, il commet un blasphème, mais de toute façon, il rate bel et bien sa mission très importante et sacrée d'éducateur.

Pour en revenir au bâton, laissons-lui la place qu'il méritait dans une société qui châtiait ses coupables avec des coups. De nos jours, le délinquant paye une amende ou fait de la prison. Dans ces conditions, pourquoi l'enfant serait-il encore condamné au fouet ? Ajustons, Ajustons !

La punition doit rester un renforcement dont le but est de rendre l'enfant capable d'être un homme dans sa famille et dans la société. Elle ne doit jamais être un exutoire pour des parents excédés, découragés ou dépassés (ou malades !) :

Tu châtieras ton fils quand il y a de l'espoir et à le faire mourir tu ne porteras pas ton être.

(Proverbes 19.18)

Corrige, mais ne te laisse pas aller toi-même à la colère. Remarquons qu'il n'est plus question du châtiment capital du Lévitique. Au contraire, le proverbe nous enseigne qu'il ne faut pas aller jusque là. Ne sois pas injuste non plus :

Punir le juste n'est pas bien, frapper les généreux est au-dessus du droit.

(Proverbes 17.26)

La justice et la générosité amnistient l'humain de ses petits travers naturels. Quant à l'enfant, on ne l'éduque pas pour soi. Le fruit de l'exhortation lui revient :

Ecoute le conseil, reçois la morale afin que tu t'assagisses en ton avenir.

(Proverbes 19.20)

Par contre les parents payeront le salaire de leur démission :

Le bâton et la réprimande établiront la sagesse, mais le jeune homme abandonné déshonorera sa mère.

(Proverbes 29.15)

Eh oui ! Les enfants, il faut prendre le temps de s'en occuper. Mais du temps, les parents modernes n'en ont plus parce qu'ils le consacrent au dieu Argent pour mieux servir le dieu Consommation. Est-ce à dire que la femme doit rester au foyer ? Pas nécessairement. Chaque couple doit trouver sa propre solution et à condition de faire passer l'enfant avant la bagnole ou la nouvelle TV, il y a moyen d'offrir la stabilité et le bonheur à nos futures générations. Le désarroi de la jeunesse dont on ne veut voir que les effets désastreux, à savoir la consommation de drogues, l'échec scolaire et... la violence, tout cela n'est pas la conséquence d'un manque de Foi de la société moderne, mais plutôt celle de son idolâtrie ! Le Veau d'or est encore une fois la véritable cause du saccage des valeurs humaines. "On ne respecte plus rien", entendons-nous souvent. Au contraire, on vénère trop le Dieu Argent !

Il ne faut pas se laver les mains et fermer les yeux. Il ne faut surtout pas dire que la jeunesse est pourrie et qu'il n'y a plus rien à espérer d'elle, car elle est l'avenir de l'homme, le nôtre ! Elle est notre fruit. Que lui avons-nous donné comme exemple à suivre ?

Le juste chemine dans son intégrité. Heureux ses fils après lui.

(Proverbes 20.7)

Sommes-nous ce juste-là ? Quelles sont nos valeurs ? Tout est-il perdu parce que le monde déraisonne ? Non ! l'espoir demeure, car...

Ce qui était déjà est, quant à être, déjà a été et Dieu cherchera le persécuté.

(Qohélet 3.15)

Un âge va et un âge vient et pour l'éternité tu as dressé la terre.

(Qohélet 1.4)

En effet, l'humanité ne peut se perdre définitivement en quelques décennies. Au contraire, l'histoire nous montre que de chaque épreuve, elle ressort, sinon plus juste, au moins plus vigoureuse. Peut-être que du désarroi actuel des jeunes trop livrés à eux-mêmes naîtra-t-il une génération plus respectueuse de l'enfant ?

En résumé, donc, la mission des parents consiste à former des êtres humains épanouis et capables d'amour, la "bonté" que la Bible place en entête de l'éthique.

Attitude vis-à-vis des personnes âgées

Les cheveux gris sont une couronne magnifique. En chemin, tu trouveras le mérite !

(Proverbes 16.31)

Ecoute ton père, c'est ton géniteur et tu ne mépriseras pas ta mère parce qu'elle est vieille.

(Proverbes 23.22)

Ne nous arrive-t-il pas trop souvent de mépriser les vieux parce qu'ils sont d'une autre époque et décrépis ? Pourtant, chaque génération n'a-t-elle pas son rôle à jouer dans l'édification de l'avenir ? Chaque âge n'a-t-il pas sa place à tenir ?

La force est la splendeur des jeunes gens, les cheveux blancs sont l'honneur des vieillards.

(Proverbes 20.29)

Pourquoi donc les générations se déchirent-elles, alors qu'elles sont complémentaires ?

Les fils des fils sont la couronne des anciens et la splendeur des fils est leur père.

(Proverbes 17.6)

Comment doivent se comporter les plus jeunes vis-à-vis des aînés ?

En face des cheveux blancs, tu te lèveras et tu honoreras la face du vieillard. Tu craindras ton Dieu. Je suis YHWH.

(Lévitique 19.32)

L'attitude à avoir face à une personne âgée est donc clairement définie par la Torah elle-même. Non seulement présenté comme une parole de Dieu, ce comportement est une façon de "craindre" le Seigneur, c'est à dire de le vénérer. Autrement dit, cela vaut même plus qu'une prière ! Il n'est donc pas question de mettre les vieux au rebut. Mais la société moderne a mieux : des mouroirs bien propres ! Tout comme pour les enfants, le temps manque ! De plus, ils ne sont plus productifs, alors...

L'abandon des vieux, leur isolement est une grande honte. Même s'ils radotent parfois un peu, écoutons-les, car ils ont une vie entière et chargée à nous raconter et l'acquis de toute une lignée à nous transmettre.

Recettes pour des relations harmonieuses

L'équilibre d'une société est à la mesure de la symbiose des générations, avec en prime la sagesse, celle de l'intelligence, mais aussi celle transmise par les plus vieux. Pourtant, il y a des aînés stupides. Alors ?

Mieux vaut un gamin indigent mais sage qu'un roi vieux mais fou qui ne sait plus être prudent.

(Qohélet 4.13)

Ce verset exprime bien l'importance de la sagesse. Il me fait penser au livre de Job, quand le jeune Elihou, furieux de l'incapacité de ses aînés, se décide à prendre la parole (chapitre 32). Cet écrit, au contenu très riche et profond, nous démontre entre autres choses que la jeunesse peut être capable de bon sens et que les anciens aux propos vides sont passibles de recevoir le salaire de leur incapacité.

Nous l'avons vu, les enfants doivent honorer leurs parents par leur bonne conduite et leur sagesse. Par contre, ces derniers sont tenus de prodiguer à leur descendance une bonne éducation par leur enseignement et surtout par l'exemple de leur propre conduite. De génération en génération, le passé forge l'avenir à travers le présent.

Par contre, les parents ne doivent pas abuser de leur autorité :

Enfants, obéissez en tout aux parents, car c'est agréable au Seigneur. Parents n'exaspérez pas vos enfants pour qu'ils ne se découragent pas.

(Colossiens 3.20)

En résumé, jamais les enfants n'insulteront leurs parents, jamais l'homme ne manquera de respect à ses aînés. Au contraire, il s'inclinera avec déférence devant la vieillesse.

Mais la réalité est parfois difficile à vivre. Les Proverbes nous offrent une véritable mine de recette pour réussir des relations harmonieuses. En voici quelques-uns qui peuvent aider les uns et les autres :

Une réponse douce détournera la colère et une parole blessante fera monter l'irritation.

(Proverbes 15.1)

La langue des sages améliorera la connaissance et la bouche des sots exprimera la folie.

(Proverbes 15.2)

L'homme coléreux provoque la querelle, le modéré apaise l'altercation.

(Proverbes 15.18)

Des paroles aimables sont un rayon de miel, doux pour la gorge et un remède pour les os.

(Proverbes 16.24)

Mieux vaut un homme modéré qu'un héros et un homme maître de lui qu'un conquérant.

(Proverbes 16.32)

Mieux vaut une miche de pain sec et la quiétude qu'une maison pleine de festins à disputes.

(Proverbes 17.1)

Le commencement d'une dispute est un déferlement d'eau et avant qu'éclate la querelle, abandonne.

(Proverbes 17.14)

Le bon-sens d'un homme est sa patience et sa magnificence passe par-dessus la transgression.

(Proverbes 19.11)

La patience persuadera un chef et une langue tendre brisera un os.

(Proverbes 25.15)

Qui dépouille père et mère en disant : "ce n'est pas une transgression" est un associé de l'homme destructeur.

(Proverbes 28.24)


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Mémoire de Microscope, Dix Paroles pour une Vie paisible, Ceux du Forbot : Trois e-books à télécharger gratuitement ou à lire en ligne en toute légalité. - Copyright : Christine Longrée - Dinant (Belgique)